Jean Clemmer - Les Métamorphoses


Image étant le début d’imagination, la surimpression ou ce que les photographes appellent le sandwich, c’est la rencontre, le mariage, ou parfois le flirt entre deux images qui deviennent une complémentarité ou un tout.

On dit que la photographie est un privilège. Privilège de capter un instant, un fragment de vie, un geste.

Cocteau disait que la lune est le soleil des statues et qu’écrire consiste à mettre de la nuit en plein jour. On rejoint le mystère de la chambre noire d’où s’échappent les images qui s’y trouvaient enfermées. Le fait de fondre deux images en une seule est un rêve éveillé qui peut être de diverses essences, oniriques, érotiques, poétiques, voire surréalistes.

Ainsi m’est venue l’idée d’en faire une suite de Métamorphoses ou se croisent, se rencontrent, ou se choquent deux images destinées à n’en faire qu’une. Les clés n’ouvrant pas toutes les portes, il est des portes qui refusent de s’ouvrir ou de se fermer. En choisissant la clé des champs, qu’il me soit permis de remercier Nicéphore Nièpces et Lord Sandwich de m’avoir fait commettre ces quelques méfaits photo-graphiques, issus comme chacun sait d’un film qui choisi la liberté en sortant d’une chambre noire qui le tenait séquestré.






Ce jeu est un rêve éveillé et comme la photo-graphie nous en donne les clés, je considère le photo-graphe comme un être privilégié. A lui de choisir ses acteurs, ses saisons, sa lumière qui lui sont propre. A lui de marcher au plafond, de mettre le soleil à l’envers, de faire d’une femme une colline ou une statue de sel, de s’y promener, de s’y étendre, de mettre de l’eau ou il n’y en à pas, de supprimer les nuages, de faire l’ombre mauve et de s’y noyer pour un instant.

Il était tout naturel de choisir la Femme pour ce genre de travail. Chaque homme a sa plage, la mienne est habitée par la Femme. C’est pourquoi j’ai choisi cet été d’arrêter ces quelques instants.





Jean Clemmer

Octobre 74 les premières « métamorphoses »


surimpression